TROP

Tu es assis
recroquevillé
sur cette marche d’escalier
Tu es assis au milieu
de cet escalier sans lieu
Tu es sous terre
il fait moins froid
Tu es assis dans
ce lieu qui n’est pas
C’est
un passage
Tu crois tu espères
l’escalier flotte
droit
couloirs carrelés blancs sol noir
Tu es
sous terre
c’est tout
ce que tu sais

Tu es assis au milieu
face à eux invisible
Ils défilent
Invisible
Ils s’écartent
Homme, bulle
Ils ont honte
Toi aussi

Pas de croisement de regards
Pas de regards
Ils baissent les yeux
Toi aussi
Tes beaux yeux
bleus

Maintenant tu t’allonges
La journée a été longue
On est mal, allongé dans
un escalier
C’est ta place
Dans le passage
Un rocher

Tu fixe la voûte blanche
vide
Un peu d’humidité suinte
qui abîme le vernis et qui coule
doucement sur le mur

Tes yeux aussi deviennent humides
tes beaux yeux bleus
Ils se remplissent, et se brouillent

Tu restes allongé là
Tu n’es pas mort
Tu aimerais
Tu aimerais
qu’ils le croient